
Quelqu’un m’a dit que le mensonge est quelque chose de commun dans la culture nord-américaine.
Dans notre cours d’anglais, les après-midi on discute sur des thèmes donnés, question de développer le volet orale de la langue. Aujourd’hui, notre professeure que je trouve fort sympathique nous a dit que les gens en Amérique du Nord sont habitués à mentir, pourtant on ne devrait pas être surpris si au travail ou même dans nos relations interpersonnelles quelqu’un nous ment spontanément.
Quand la professeure nous en a dit, j’ai interrogé un peu surprise : C’est vrai? Et un copain assis à mon côté a répondu : « Mais, toi ça fait déjà 3 ans que tu es ici et tu ne le savais pas? »
Ce constat, vient à provoquer deux choses en moi. Un : étant donné cette réalité et que je suis toujours en guise d’adaptation je devrai agrandir grandement ma ligne de tolérance. Deux : serais-je peut-être un peu naïve?
Non, je n’aime pas être naïve. Je me pose la question : en étant l’être-humain dans son origine moralement bon, comment pourrait-il se corrompre sans remords?
Est-ce que la société, ce sujet collectif à caractère amorphe, peut-elle changer les valeurs des gens sans que les individus ne réagissent pas?
Je sais que les écarts culturels existent, et que pourtant des pratiques menées ailleurs nous provoquent rejet. Ou même que des valeurs que nous ne partageons pas pour des raisons religieuses ou culturelles on les accepte pour une raison d’accommodement raisonnable (terme assez répandue ici au Québec). Mais l’intégrité n’est-il pas une valeur universelle qu’on devrait tous essayer de préserver dans nos rapports quotidiens, au-delà des différences d’origine?
Je ne suis pas intéressée à savoir si ce sont les nord-américaines qui considèrent le mensonge comme un acte normale et pourtant acceptable, mais d’imaginer comment un individu de la race humaine peut vivre avec, sans devenir un névrotique.
Avait-il raison Jean-Jacques Rousseau quand il disait que l’homme est bon par nature, et que c’est la société qui le corrompt ?
J’suis toujours portée à m’émerveiller des possibilités de l’être humain. Chaque jour je trouve au moins une raison qui forge cette croyance. Mais des fois, je reste triste, traversée pour la violence qui suppose le mensonge et l’incorporation qui en fait l’homme dans ses vécus. Ses vécus, les seules choses qui lui appartiennent, et que méchantment il s’en charge d’empoisonner. Ou pensez-vous emporter vos maisons, vos meubles, vos voitures avec vous après votre passage par la Terre?
C’est juste vos vécus que vous allez emporter avec vous, pas plus que ça.