jeudi 12 mars 2009

Quand la caméra fait les fois du tiers absent

Je suis une mère monoparentale.
Si bien le fait est assez assumé par moi, des fois il s’avère difficile pour la relation mère-enfant de trouver l’équilibre et la bonne façon de communiquer.
Quant j’ai eut raconté à mes amies, elles m’ont dit : ce que tu as appliqué, sans le savoir, c’est la technique de la tertiairisation. Voire : déposer dans quelqu’un (ou quelque chose dans mon cas : la caméra), le rôle d’un tiers dans la famille.
Ce que je vous raconterai, pourra peut-être vous aider dans de « cas difficiles ».
Vous vous souvenez de la fable de monsieur de la Fontaine? Le jour avant, mon fils a fait une crise en rentrant à la maison. Je sais : l’angoisse, la pression, la frustration, la rage ressentis face à une situation de stress à l’école. Mais moi, je suis toujours un être-humain, et ce n’est pas bien agréable non-plus de devoir supporter des cris. Je ne suis pas du genre à réagir en criant - ce qu’éventuellement- un enfant en rage peut nous conduire à faire. La violence c’est contagieuse! Alors parmi mes qualités, il y a la patience et la vision en perspective des choses qui se passent. Quoi faire? Je respire, je ne dis un mot, et j’allume ma caméra vidéo, presque instinctivement, dans un geste de dernier recours. C’est impossible de faire raisonner à un enfant en plaine rage. Ça je vous l’assure.
J’ai enregistré toute la scène, et quand le démon se fut assez calmé pour laisser le sol, j’arrête l’enregistrement et je le passe en m’assurant qu’il l’écoute. Quand il s’est vu comme ça il a pu se regarder d’un autre angle, dis-je. Sa voix revient au ton normal de tous les jours, il trouve ça rigolo, même il s’étonne, il se questionne, je le vois dans ses yeux : "c’est moi celui-là, le protagoniste de la scène?"
Maintenant le dialogue s’installe. Je veux savoir pour quoi il se sent comme ça. Il me raconte l’affaire de la fable et la sortie mise au conditionnel. Sa voix toute base, grave, il range ses choses disséminées par le sol un instant plus tôt. Je l’écoute. Il s’exprime très bien. Il ressent de la colère face à l’injustice. Il comprend, il accepte que ça puisse se passer dans la vie, même si c’est blessant. Et on continue notre dialogue. La paix..., on se retrouve l’un et l’autre. Je suis fière de lui.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Brillante idée!

Carla Baldassari a dit…

@Pierre: Merci!

Françoise a dit…

Et moi, je serais fière d'avoir une maman comme toi, si patiente, et si intelligente, dans sa façon de réagir et d'être...

Belle fin de soirée à toi, Azuldelmar.
Gros bisous.

Carla Baldassari a dit…

@Françoise: Merci pour tes mots si gentils :)

Gwendal Denis a dit…

Eh bien, ma chère Azul, c’est ce que l’on appelle une idée de génie ! Mais par contre, je ne pense pas qu’il faille considérer la caméra comme un tiers… Je m’explique. Ce n’est pas tout à fait de la « tertiairisation » comme tu dis, puisque le rôle du tiers dans ce cas de figure est de jouer par sa présence sur l’image supposée que l’enfant a du lui… Ce que tu as fait, c’est mettre ton enfant devant un miroir afin qu’il constate par lui-même ce que les gens voient de lui, et non pas ce que les gens pensent de lui.
Toi, tu es allé encore plus loin dans la méthode, puisque tu as joué avec son image réelle… Tu a fais appel à l’intelligence de ton fils, et non pas à son égo. C’est brillant. Bravo, tu es une mère formidable.

herbert a dit…

Bonjour, Azul.

Mais ton idée est ton simplement géniale. Elle est pédagogique à souhait et est très efficace.

D'ailleurs c'est une des méthodes utilisées pour l'étude des comportements en groupe.

Mais qu'une mère ait pensé le faire avec son propre enfant est merveilleux.
Je te félicite.
Bonne journée.
Je t'embrasse.

Carla Baldassari a dit…

@Gwendal: T’as raison. Techniquement ce n’est pas la tertiairisation. J’utilise le terme plutôt dans le sens de montrer la possibilité de faire valoir un élément étranger à la relation pour que le conflit ne tombe à la fois sur mes propres déceptions(ne pas projeter) ce qui se passe souvent entre deux personnes liées par la parenté ou l’affection. À l’endroit de se sentir victime, aller à la rencontre des moyens (instinctivement?) pour dépasser un état de détresse, même si parfois est difficile.

@Herbert: Merci! Je pense qu'on a énormément de ressources dans nous-mêmes, il faut juste les découvrir, rester positifs et les mettre en ouvre!

Solange a dit…

Se voir dans cet état ça doit faire réfléchir. Bonne technique.

Une femme libre a dit…

Impressionnant! Une réaction spontanée vraiment imaginative et judicieuse. Bravo!